Like Someone in Love


Après la bluette d’un écrivain quinquagénaire et d’une jeune galeriste dans «Copie conforme» (2010), tourné en Italie, Abbas Kiarostami filme au Japon une histoire d’amour marquée par la différence d’âge… Takashi, un vieux professeur très érudit, tombe amoureux d’une étudiante tokyoïte qui monnaie ses charmes pour payer ses études de sociologie. L’inaccessible Akiko fait même partie d’un réseau de prostitution bien organisé. Au cours d’une scène d’ouverture magistrale, on voit la jeune femme accepter sans condition les recommandations profondément retorses de son maquereau, tandis que son petit ami, fou de jalousie, la harcèle au téléphone.

Partant, Kiarostami joue avec les reflets des vitrines, des miroirs ou des rétroviseurs, et se sert à merveille du son off pour créer un hors champ sidérant, à même d’accentuer la distance entre ses personnages esseulés. Usant de sa maîtrise de l’ordonnance poétique, le cinéaste les suit en plans fixes au cours de séquences qui s’imposent dans la durée. Tout en réussissant le pari d’expliciter un brin les codes culturels japonais, il parvient à tirer l’essence universelle des passions amoureuses, inconditionnelles pour les uns, fusionnelles pour les autres.

de Abbas Kiarostami
France / Japon, 2012, 1h49

à voir à La Chaux-de-Fonds