L’Homme de Londres

A voir mercredi 4 mai à 23h10 sur Arte

Le roman de Georges Simenon a déjà été porté à l’écran par deux fois dans les années 1940, décennie faste du film noir américain et du cinéma policier français. Pour son adaptation, Béla Tarr maintenant le noir et blanc qui sied à la perfection au texte de Simenon aussi bien qu’à son propre cinéma. L’esthétique rigoureuse du film – ses cadrages parfaits, sa photographie époustouflante, son montage symétrique, son rythme d’une lenteur pénétrante, le jeu statique et hypnotique des acteurs, sa musique envoûtante – vaut au cinéaste hongrois une sélection en compétition à Cannes en 2007. En vingt-huit plans séquences, le réalisateur conte l’épopée morale de Maloin, dont l’existence se complique le jour où il assiste à un meurtre depuis le haut de sa tour de contrôle portuaire. L’assassin prend la fuite, laissant derrière lui un cadavre et une valise pleine de billets de banque… En conférant au fait divers une portée existentielle, Béla Tarr réussit une «traduction» cinématographique fidèle de l’œuvre de Simenon. A la condition d’accepter ce maniérisme virtuose, « L’homme de Londres » est d’une beauté étourdissante.

The Man from London
de Béla Tarr
Hongrie, 2006, 2h15