L’Héritage

A voir dimanche 29 janvier 2012 à 0h15 sur France 3

Ultime joyau du cycle «italien» du Cinéma de Minuit, et non des moindres, «L’Héritage» («L’eredita Ferramonti», 1976) est en effet le meilleur film de son auteur, sinon son chef-d’œuvre. Né à Pistoia, Mauro Bolognini (1922-2001) a commencé par réaliser d’aimables comédies, avant de subir l’influence considérable et bénéfique de Pasolini qui a été le scénariste de trois de ses longs-métrages. Une fois Pasolini passé à la réalisation, le réalisateur de «La vaccia» (1961) se consacre dès lors à des adaptations de romans, ce qui lui vaut un certain dédain de la critique qui leur préfère les satires corrosives de la comédie à l’italienne triomphante, celle des Risi, Monicelli, Comencini et autre Scola…

Redécouvert sur le tard, Bolognini apparaît pourtant comme l’un des cinéastes italiens majeurs des années septante, comme le prouve «L’Héritage», adapté d’un court roman tiré de l’oubli par Italo Calvino, publié en 1883 et dont l’action se déroule à Rome, à la même époque… Simple boulanger, qui s’est enrichi en spéculant sur des terrains situés en banlieue, Gregorio Ferramonti (Anthony Quinn) prend une retraite très anticipée pour vivre de ses rentes, abandonnant à leur sort ses quatre grands enfants qu’il a pourtant élevés dans le culte de l’argent. Le patriarche venant à mourir, sa progéniture va se disputer amèrement l’héritage, l’ambitieuse Teta (Dominique Sanda) la première…

Par le biais d’une reconstitution historique fastueuse mais très réaliste, le cinéaste brosse un tableau sans concessions et emblématique de la petite bourgeoisie qui est en train de prendre le pouvoir à la fin du dix-neuvième siècle en Italie… Avec «Le Guépard» (1962) de Luchino Visconti, «L’Héritage» est l’un des rares films à traiter de cette période clef de l’histoire transalpine, pour qui veut comprendre l’avènement ultérieur du berlusconisme…

L’Eredità Ferramonti
de Mauro Bolognini
Italie, 1976, 1h58