A voir à Neuchâtel et dimanche matin à La Chaux-de-Fonds |
Lion d’or à Venise en 2003 avec «Le Retour», dans lequel il décrivait les rapports d’autorité entre un père et ses fils après des années d’absence, primé à Cannes en 2007 avec «Le Bannissement», un drame d’une tenue extraordinaire opposant un homme à son épouse enceinte d’un autre, Prix du Jury Un Certain Regard en 2011 avec «Elena», le portrait d’une mère dévouée au sein d’un système patriarcal, le réalisateur russe Andreï Zviaguintsev revient avec un nouveau film, auréolé du Prix du scénario à Cannes, qui raconte le drame d’un homme en proie à l’arbitraire.
Kolia habite au bord de la mer de Barents, au nord de la Russie, avec sa femme Lilya et son fils Roma, né d’un premier mariage. Garagiste, il a bâti sa maison à la sueur de son front. Las, l’édile local veut à tout prix se l’approprier pour construire un mystérieux bâtiment. Kolia fait alors appel à son ami Dimitri, avocat à Moscou… Révélant les états de ses personnages en résonance au déchaînement des éléments naturels, Zviaguintsev se livre à un travail d’une grande rigueur. Grâce à une mise en scène épurée, un rythme et des cadrages millimétrés, ainsi qu’un sens de l’ellipse sidérant, le cinéaste décrit une société aliénée, tout en prenant soin de laisser le spectateur libre de sa propre lecture. A la faveur des émotions et d’une tension saisissante, «Léviathan» interroge l’Etat, la propriété, la loi… avec la puissance d’un colosse!
de Andreï Zviaguintsev
Russie, 2014, 2h21