Turquie |
Cannes 08, Prix de la mise en scène |
de Nuri Bilge Ceylan
A la veille d’une élection, un homme politique tue accidentellement un passant. Pour éviter un scandale, il s’achète un coupable. Acceptant le marché, celui-ci déclenche une réaction en chaîne qui bouleverse sa famille… Après «Uzak» et «Les Climats», le peintre et cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan continue d’explorer la complexité de l’âme humaine. Reprenant la fable de Confucius par la négative, il montre la dislocation d’un trio familial rongé par les secrets: à force de refuser de voir la vérité, de l’entendre et d’en parler, ses «Trois Singes» multiplient les non-dits avec une terrible hypocrisie et se retrouvent hantés par les fantômes du passé et du présent. Se servant avec une adresse extraordinaire du numérique haute définition, Ceylan allie à merveille le fond et la forme. Avec son génie coutumier, il cerne les intériorités tourmentées des protagonistes en les mettant en perspective avec les panoramas du Bosphore dans une nuit tempétueuse. Tout en exprimant l’incommunicabilité et la culpabilité, le film laisse transparaître la mise en accusation d’une société turque marquée par le désir de pouvoir et la violence des hommes à l’égard des femmes. Du grand art!
ÜÇ MAYMUN, Turquie / France / Italie, 2008, couleur, 1h49, programme n°155
