de Charles Chaplin |
avec Charles Chaplin, Paulette Goddard, Henry Bergman, Chester Conklin, Allan Garcia, etc.
Cinq ans après «Les Lumières de la ville» (1931) et quatorze ans après l’avènement du cinéma parlant, Chaplin persiste à produire un film sonore mais «non-parlant», où les «dialogues» se réduisent à un brillant assemblage de bruits, de borborygmes ou de cris. Ces sons deviennent une nouvelle source de gags qui démontrent, s’il en était besoin, que Chaplin (qui signait lui-même toute les musiques de ses films) maîtrise à la perfection cette nouvelle technique, dont il use ici contre le dialogue, tout comme l’homme se retrouve ici opposé aux machines. «Fable cinématographique à la mesure de la détresse de l’homme du 20ème siècle face à la mécanique sociale et technique» (André Bazin), «Les Temps modernes» critique une société qui amène à ne juger les hommes qu’en fonction de leur rendement et des apparences. Mais, chez Chaplin, jamais l’idée ne prend le pas sur l’action: son personnage, devenu ouvrier, devient lui aussi une machine qui répète à l’envi les mouvements; ce sont ces mouvements mécaniques, proches d’un ballet, qui le rendent ridicule. A travers la répétition des gestes de Charlot, soudain vidés de leur sens, on perçoit alors l’absurdité du fonctionnement de la société industrielle.
MODERN TIMES, USA, 1936, noir et blanc, 1h28; programme n°32