Les Murs porteurs

de Cyril Gelblat
avec Miou-Miou, Charles Berling, Shulamit Adar, Giovanna Mezzogiorno, etc.


Quand on retape une maison ou un appartement, il importe de ne pas toucher aux murs porteurs, à moins de vouloir mettre à bas tout l’édifice! Le jeune cinéaste français Cyril Gelblat a bâti son premier long-métrage sur cette métaphore architecturale qu’il applique avec sensibilité aux relations familiales… De nos jours, à Paris. Une vieille femme juive ashkénaze prénommée Frida (Shulamit Adar) revient régulièrement dans l’appartement de la rue de Turenne où elle a élevé ses deux enfants, au-dessus de l’atelier de tailleur de son défunt mari. Aujourd’hui, les lieux sont loués à d’autres, mais elle reste convaincue que l’homme qu’elle a aimé y vit toujours. Pour preuve, elle entend sa voix, à chaque fois qu’elle s’y rend. Mélangeant le français et le yiddish, Frida perd la mémoire, confond passé et présent… Ces symptômes sont bien sûr ceux de la maladie d’Alzheimer qui va agir comme un catalyseur pour son fils et sa fille. Brillant journaliste et essayiste politique, Simon (Charles Berling) n’exerce pas la même acuité vis-à-vis de sa mère, s’obstinant à nier la progression insidieuse du mal. Femme au foyer divorcée, qui a sacrifié ses ambitions professionnelles pour élever ses enfants, sa sœur Judith (Miou Miou) fait preuve de plus de lucidité. Une fois prise la décision de placer Frida dans un home médicalisé, l’appartement et l’atelier familiaux deviennent un enjeu crucial: faut-il les vendre ou les conserver dans l’espoir de ranimer une mémoire commune chancelante? Par le biais d’un retour en arrière qui nous entraîne dans une vaine recherche au cœur du ghetto varsovien, le cinéaste confère alors à ce dilemme une ampleur insoupçonnée…
France, 2007, couleur, 1h32 , programme n°156