Les Huit Salopards

A voir en DVD!

Après «Inglourious Basterds» (2009), acte de vengeance magistral contre le nazisme, et «Django Unchained» (2012), western sanglant et brûlot anti-esclavagiste, Quentin Tarantino persiste et signe à travers un huis clos d’une grande maîtrise, un film allégorique et hybride, entre western, polar et cinéma gore. «The Hateful Eight» (titre original) est en effet frappé d’un message politique plus direct et intransigeant!

Cheminant dans la haute neige, la diligence qui convoie le chasseur de primes John Ruth et sa prisonnière Daisy Domergue fait halte pour accueillir à son bord le major Warren, un ex-commandant nordiste reconverti en tueur à gages, qui trimballe avec lui des cadavres de renégats. Sur la piste de Red Rock, l’équipée fait encore monter un shérif en devenir avant de rejoindre un relais de diligence où séjournent d’autres salopards, dont un vieux général sudiste, un bourreau distingué et un «chicano» inquiétant…

Comme à son habitude, Quentin Tarantino excelle d’abord à recycler les éléments du western-spaghetti, le gros-plan ou la dimension opératique, dans la veine de Sergio Leone et Sergio Corbucci. On se rappelle en particulier le très enneigé «Grand silence» (1968) du second. Mais Tarantino dépasse le simple hommage. Emaillant son film des scènes dialoguées dont il a le secret, il trouve dans l’épure du huis clos leur meilleure expression, en dépit de quelques longueurs et répliques un brin appuyées. Grâce au format extra large, le cinéaste joue à merveille avec l’ambiguïté de savoir qui est la vraie crapule dans cette histoire emblématique des Etats-Unis tout entiers. Lorgnant vers le polar, Tarantino instaure alors le suspense de façon ludique avant de faire monter la tension jusqu’aux inévitables effusions de violence et de sang, qu’il conduit avec une ironie assassine.

Dans la continuité de «Inglourious Basterds» et «Django Unchained», «Les huit salopards» ranime l’Histoire, la guerre de Sécession cette fois, et en revisite les enjeux, le racisme, la peine de mort et la liberté de s’armer, à la lumière d’une lettre du président Lincoln. Tarantino parvient ainsi à faire de son relais de diligence le lieu d’une allégorie terrifiante de l’Amérique. A la différence de ses deux films précédents, il use aujourd’hui du cinéma non pour rétablir la justice à titre symbolique en offrant aux victimes une réhabilitation fantasmée, mais pour mieux condamner l’intolérance dans un portrait sans concession de son pays.

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