de Charles Chaplin |
avec Charles Chaplin, Nigel Bruce, Buster Keaton, Claire Bloom, etc.
Après avoir abandonné Charlot, devenu un mythe, Chaplin a mis en scène de nouveaux personnages tout aussi mythiques, comme le dictateur Hynkel ou Monsieur Verdoux, à la fois reflets et contraires du vagabond des origines. A travers le Calvero des «Feux de la rampe» (1952) clown tellement déchu qu’il propose même à son imprésario «Et si je continuais ma carrière sous un faux nom?», Chaplin finit par tourner son testament spirituel: située à Londres en 1914, époque des débuts de Chaplin au cinéma, «Les Feux de la rampe» met en scène un artiste de la scène vieillissant (comme lui-même) qui finira par céder le relais de sa gloire (passée) à une belle et jeune danseuse. Ce mélodrame de quat’sous, volontairement nourri de stéréotypes comiques, est réduit à une mise en scène minimaliste: «c’est moi l’extraordinaire dans le film, dira Chaplin, et je n’ai nul besoin de mouvements de caméra extraordinaires». Le film se transforme alors en un monologue (à l’instar du discours final du «Dictateur» et de la voix off de «Monsieur Verdoux»), quasi-autobiographique, où Chaplin met à nu sa propre existence. A la manière d’un testament spirituel, il exorcise la peur de l’artiste face à l’insuccès, l’oubli et la mort; tirant un bilan, glorieux et dérisoire, cocasse et pathétique, de sa propre existence d’être humain extraordinaire.
LIMELIGHT, USA, 1952, noir et blanc, 2h18; programme n°32