Les Fantômes de Goya

A voir jeudi 13 septembre 2012 à 1h30 sur Arte |

Coécrit avec Jean-Claude Carrière, le douzième long-métrage de Milos Forman ne laisse pas d’intriguer… «Les Fantômes de Goya» décevra sans doute les amateurs de grandes reconstitutions historiques et les zélateurs de l’œuvre de l’auteur des «Désastres de la guerre» (1810). Il y a donc méprise sur ce film dont le véritable intérêt se situe ailleurs. Entre nous, le fomentateur du Printemps de Prague cinématographique est bien trop fin cinéaste pour se contenter d’une simple biographie, à témoin son «Amadeus» (1984) qui, beaucoup plus que la vie de Mozart, creusait le mystère du génie.

Rebelote avec Francisco Goya (Saragosse 1746 – Bordeaux 1828) qui, de toute évidence, est plutôt un prétexte… En 1792, la fille d’un marchand madrilène, qui servit de modèle à Goya, tombe entre les mains de l’Inquisition. Faussement accusée de «judaïser», la pauvre Inés Bilbatua (Natalie Portman) est soumise à la question. A la demande de Goya (Stellan Skarsgard), qui était alors «premier peintre» de la Cour d’Espagne, Frère Lorenzo (Javier Bardem), membre influent de l’Inquisition, promet d’intercéder en faveur de la jeune fille. L’homme d’Eglise s’acquitte de sa mission en violant Inés dans sa geôle…

De manière singulière, le film se focalise surtout sur le personnage de Frère Lorenzo, un être opportuniste qui saura se tirer d’affaire en épousant la cause des Lumières au moment où les troupes napoléoniennes «libèrent» l’Espagne (1808). La figure de Goya reste à l’arrière-plan, en observateur impuissant. En creux, Forman nous délivre ainsi une réflexion pessimiste sur le pouvoir réel de l’artiste dans la société. C’est donc à dessein qu’il aura attendu le générique de fin pour nous faire voir enfin quelques toiles du Maître.

Goya’s Ghosts
de Milos Forman
Espagne / Etats-Unis, 2005, 1h54