«Les divines comédies»

Caméra-stylo, programme n°70 |

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Lors du dernier Festival de Locarno, Joe Dante, cinquante ans et douze films au compteur, a reçu un Léopard d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. C’est dire si Dante doit être considéré comme un auteur à part entière, certes un drôle d’auteur, mais dont l’authenticité ne peut être mise en doute!

Elevé devant la télévision, passionné de bandes dessinées dès son plus jeune âge, Dante a abordé le cinéma en entrant à la New World Pictures, la société de production du légendaire Roger Corman, apôtre du petit budget et de la série z. Chez Corman, il commence par monter des bandes-annonces qui, souvent, n’ont rien à voir avec les films auxquels elles devraient pourtant correspondre.

Le double maléfique de Spielberg

La pingrerie légendaire de Corman attise chez Dante son désir de cinéma, va lui donner paradoxalement le goût du «toujours-plus», de la surenchère absolument et politiquement incorrecte. Quand il passe à l’action en 1977, Dante a alors la chance de tomber sur Steven Spielberg qui voit peut-être en lui le cinéaste effronté, subversif, qu’il n’ose être. Parrainé par Spielberg, Dante peut faire mine de montrer patte blanche aux grands studios qui ne savent pas que le loup est entré dans la bergerie!

Grâce au succès public «de Gremlins» (1984), Dante est désormais en mesure d’imposer ses visions passées au vitriol qui montrent l’Amérique telle qu’elle est: paranoïaque, repliée sur elle-même, infantile, etc.. Ce qu’il ne manque pas de faire, au risque de perdre tout son crédit aux yeux des décideurs qui font et défont Hollywood.

Sur le plan cinématographique, Dante est plutôt le partisan d’un art impur qui détourne les codes dominants, joue avec les images déjà existantes, prend à revers l’idiotie audiovisuelle généralisée («Gremlins 2»). Plus qu’un créateur de nouvelles formes, l’auteur de «Small Soldiers» est plutôt un cinéaste «exterminateur» qui casse et démantibule les évidences niaises des soi-disant grandes personnes avec un entrain réjouissant d’enfant terrible.

Vincent Adatte