Les Bêtes du Sud sauvage

A voir au cinéma!

Dans la hotte cinématographique du Père Noël il y a cette année un film sidérant d’audace fiévreuse, mais il est brin caché par des gros cadeaux tapageurs genre «Hobbit» et «Odyssée de Pi», avec lequel il entretient quelques airs de ressemblance qui plaident encore plus en sa faveur. Premier long-métrage de Benh Zeitlin, un jeune cinéaste new-yorkais de tout juste trente ans, «Les bêtes du sud sauvage» s’attache aux pas de Hushpuppy, une gamine de six ans, qui tente de se débrouiller en Louisiane, dans un bayou déliquescent, en proie à une dévastation aussi bien sociale (les expulsions dues aux «subprimes») que naturelle (la pollution). Jusqu’au jour où, pour sauver son père malade du cœur, la fillette, orpheline de mère, se laisse dériver sur les eaux gonflées par l’ouragan Katrina…

Récompensé au Festival de Sundance et à Cannes où il a remporté la prestigieuse Caméra d’or, un prix attribué à la meilleure première œuvre, toutes sections confondues, Zeitlin reste constamment à hauteur d’enfant, pliant le réel à l’imagination débridée de sa protagoniste. La fillette peuple ainsi son horizon de visions fabuleuses issues de son intériorité tourmentée, à l’exemple de ces aurochs venus des glaces pour se venger de la folie des hommes! Procédant par enchaînements souvent imprévisibles, le réalisateur libère ainsi la réalité de son misérabilisme de façade et compose un chant déchirant qui exalte la capacité de survie de sa jeune héroïne, alors même que tout semblait anéanti… Un premier film dont on ne saurait faire l’économie!

Beasts of the Southern Wild
de Benh Zeitlin
Etats-Unis, 2012, 1h32

à voir à Neuchâtel