Les Adieux à la reine

A l’aube de la Révolution de 1789, une jeune lectrice de Versailles s’efforce d’attirer les faveurs de Marie-Antoinette. Cependant, la reine ne songe qu’à la duchesse qu’elle aime… Adapté du roman de Chantal Thomas, «Les Adieux à la reine» nous entraîne à l’intérieur d’un château déconnecté de la réalité, décrivant la panique qui saisit les nantis au moment fatidique. Porté par des actrices sublimes, ce film historique prend la forme d’une réplique actuelle et palpitante!

Né en 1947, le réalisateur français Benoît Jacquot appartient à la génération des cinéastes apparue dans le reflux désenchanté de la Nouvelle Vague, celle des Chantal Akerman, Philippe Garrel, André Téchiné et Jacques Doillon. Après des films pessimistes qui attestent de l’impossibilité de tenir les promesses des Godard, Rivette et compagnie, le réalisateur de «La Désenchantée» (1990) et de «Sade» (2000) semble renaître à lui-même en vampirisant avec talent l’être féminin profond.

Par le biais de sa liseuse favorite, la jeune Sidonie Laborde (sublime Léa Seydoux), Benoît Jacquot nous offre un accès direct à Marie-Antoinette (Diane Kruger), la reine frivole et étrangère, durant ces jours de révolution au terme desquels elle sera déposée puis guillotinée. Après la prise de la Bastille, s’instaure le règne du sauve-qui-peut à la cour du château de Versailles déjà infesté de moustiques et de rats. Mue par une admiration sans bornes envers la reine, Sidonie profite de la panique générale pour tenter de se rendre indispensable. Hélas, la reine ne songe qu’à sauver la vie de la Duchesse de Polignac (Virginie Ledoyen) dont elle est passionnément éprise, jusqu’à user de sa liseuse comme d’un leurre…

De façon prodigieusement vivante, le cinéaste nous fait vivre de l’intérieur l’effondrement d’une société complètement déconnectée des réalités qui grondent au-delà des jardins de Le Nôtre, entraînant dans la catastrophe les sans-grade pris au piège de leur propre aliénation! En résulte une description impitoyable de la peur panique qui saisit les nantis, quand s’écroule sous les ors trompeurs du château de Versailles tout ce qui semblait pourtant immuable…

En guise de bonus, malheureusement point d’interview en compagnie de Léa Seydoux ou Virginie Ledoyen… Au lieu de cela, retrouvez un entretien passionnant avec le réalisateur qui nous commente la fameuse scène nocturne, en plan-séquence, dans les couloirs de Versailles, parmi les nantis paniqués!

Ad Vitam