A voir dimanche 10 mars 2013 à 0h05 sur France 4 |
«La promesse», «Rosetta», «Le fils», «L’enfant»… Les titres des films de Jean-Pierre et Luc Dardenne possèdent une simplicité on ne peut plus trompeuse. Empêtrés dans une réalité qui ne leur fait aucun cadeau, leurs protagonistes empruntent des voies autrement complexes pour réaliser à leur insu le projet caché des deux démiurges belges. Après la vision du sixième long-métrage des Dardenne, des critiques ont crié à la manipulation. Certains sont allés jusqu’à prêter à leurs auteurs de sombres desseins «moralistes», les comparant à quelque organisation charitable qui profiterait de la précarité pour ravaler à peu de frais la façade du christianisme.
Pour notre part, nous ne partageons pas cette opinion. Bien au contraire, tout le génie des Dardenne réside dans l’évitement permanent du piège symbolique. Matérialistes dans l’âme, ils captent la réalité à l’état brut et s’efforcent de ne jamais céder au désir naïf du spectateur qui voudrait que tout prenne très vite un sens. Bien sûr, l’histoire finit par avoir une signification, mais cette dernière surgit toujours des événements et reste complètement ouverte. Ceux ou celles qui ont interprété la fin du film comme la possibilité du pardon ou d’une rédemption sont donc allés très vite en besogne. Les larmes de Bruno (Jérémie Régnier) ne prouvent rien, sinon le plus grand désarroi!
Mais pourquoi Bruno pleure-t-il de toutes ses larmes? Revenons au début… A vingt ans, Bruno vit de vols minables exécutés par des mineurs qu’il tient sous sa coupe. Son amie Sonia (Déborah François) vient d’accoucher. A l’insistance de cette dernière, il finit par reconnaître l’enfant. Peu après, il le vend pour quelques milliers d’euros. A cette nouvelle, Sonia perd connaissance. Affolé, Bruno tente alors de récupérer le bébé… N’en disons pas plus, sinon que les Dardenne sont parvenus à créer, comme dans tous leurs films un suspense social étonnant, qui met en jeu une valeur très à la baisse de nos jours, la conscience!
de Jean-Pierre & Luc Dardenne
France / Belgique, 2004, 1h35
