L’Ecume des jours

    A voir à Neuchâtel et à La Chaux-de-Fonds |

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        Adapté du chef-d’œuvre de Boris Vian (1920-1959), «L’écume des jours» de Michel Gondry est truffé d’idées visuelles parfaitement accordées à l’univers surréel du livre. Et le cinéaste de ne pas se priver de lui adjoindre des trouvailles de son cru, tel les comprimés de livres ou les petits fours à micro-ondes!

        Jeune homme idéaliste, Colin (Romain Duris) rencontre enfin l’amour grâce à Chloé (Audrey Tautou). Hélas, après un mariage de rêve, la jeune femme tombe malade, par la faute d’un nénuphar qui a eu l’idée saugrenue de pousser dans son poumon. Pour payer le traitement requis (lui faire respirer des fleurs qui ont hélas tôt fait de se faner), Colin est alors contraint de travailler, exerçant des fonctions toujours plus absurdes. Malgré l’aide de Nicolas (Omar Sy), son cuisinier chauffeur, et son ami Chick (Gad Elmaleh), zélateur fanatique du philosophe Jean-Sol Partre, il va perdre pied…

        De fait, l’artisanat stupéfiant du réalisateur de «La science des rêves» sied parfaitement à l’imaginaire de Vian. Au rythme du swing revisité de Duke Ellington, le spectateur se repaît de la matérialisation d’un théâtre d’objets foldingues, dont le fameux «pianococktail», la soucoupe nuage ou la sonnette ambulante. Loin du lissage numérique qui prévaut désormais sur nos rêves de cinéma, Gondry renoue brillamment avec la geste naïve combien poétique d’un Georges Méliès. Certes, son délire se bricole parfois au détriment de l’émotion et de l’humanité de ses personnages, mais nous lui pardonnons volontiers, en regard d’une dernière partie où il restitue de façon poignante la mélancolie à combustion lente qui infusait déjà dans le roman…

        de Michel Gondry
        France, 2013, 2h05