L’Echange

Cannes 08, en compétition
de Clint Eastwood
avec Angelina Jolie, John Malkovich, Jeffrey Donovan, Jason Butler Harner, etc.



En 1928, les Etats-Unis modernes sont déjà en place. Dans une banlieue ouvrière de Los Angeles, Christine Collins, mère célibataire, habite une maison de plain-pied toute équipée: réfrigérateur, radio et baignoire. Un matin, lorsqu’elle part pour son travail et dit au revoir à son fils de neuf ans, elle est loin de se douter du drame qui l’attend. A son retour, son enfant a disparu. Quelques mois plus tard, la police de L.A. lui remet un garçon… Qui n’est pas le sien! Face à ses protestations, le capitaine Jones, répugnant fonctionnaire de la répression, la traite de mère indigne et lui conseille vivement d’essayer le gamin pendant une quinzaine de jours. Recherchant courageusement la vérité envers et contre tous, Christine Collins trouve alors un allié dans la personne d’un pasteur militant, qui va l’aider à affronter les technocrates et à surmonter la disparition de son enfant.

Inspiré de faits réels, «Changeling» est une reconstitution historique envoûtante de l’Amérique des années 1920, qui laisse transparaître une critique acerbe des Etats-Unis actuels. Noir et politique à la fois, le film s’affirme en effet comme une dénonciation de notre époque, comme si, depuis la veille de la Grande Dépression, les temps n’avaient pas changé: corruption, sexisme et arrestations arbitraires sont toujours monnaie courante. Aujourd’hui comme hier, le système est bien là pour broyer les petites gens avec une hypocrisie lisse et sans affect, se servant sans vergogne de la prison, des camisoles de force et des électrochocs… Après «Mémoires de nos pères» et «Lettres d’Iwo Jima», Clint Eastwood, l’un des derniers grands maîtres du cinéma classique, s’impose comme un véritable cinéaste de la mémoire.
CHANGELING, Etats-Unis, 2008, couleur, 2h20, programme n°152