Le Voleur de chevaux

de Tian Zhuangzhuang |
avec Tsehang Rinzin, Dan Jiji, Jamco Jayang, etc.

Interdit de cinéma depuis 1993, Tian Zhuangzhuang est sans doute le plus grand des cinéastes chinois dissidents. Avec son sublime «Voleur de chevaux», il a contrevenu à la règle d’airain qui, dès 1949, impose que tous les films traitant des minorités soient doublés en mandarin. Très loin de dénoncer les archaïsmes «épouvantables» de l’ethnie tibétaine qu’il décrit dans son film, Tian déjoue la censure en préfaçant «Le voleur de chevaux» d’une simple mention: «1923». Il indique par là que les coutumes qu’il dépeint sont antérieures à la «libération» du Tibet par l’Armée populaire. Avec un lyrisme extraordinaire, le cinéaste alors âgé de trente-trois ans met en scène les tribulations de Norbu, un détrousseur de voyageurs profondément religieux, qu’il filme souvent en contre-plongée; signifiant ainsi que les efforts d’un homme superstitieux qui cherche à sauver son enfant ont la même valeur que ceux des héros de la révolution – auxquels le cinéma chinois d’après 1949 réserve ce type de plan.
DAO MATSE, 1985, Chine, couleur, 1h43, programme n°107