Le Vent nous emportera

de Abbas Kiarostami |
avec Behzad Dourani et les gens du village de Siah Dareh |

L’œuvre, immense, de Kiarostami est profondément ancrée dans la réalité iranienne, mais nous entretient de considérations universelles comme la mort, la solitude, le doute ou le temps — «Je suis iranien, mais je ne veux pas que mes films soient iraniens». Voilà pourquoi les films de Kiarostami sont à l’origine à la fois de la reconnaissance internationale du cinéma iranien et de l’histoire du septième art tout court. Dernier chef-d’œuvre en date de son auteur, «Le vent nous emportera» participe complètement de cette étrange universalité (qui constitue sans doute l’être même du cinéma). Une équipe de tournage se rend en voiture dans un village à la campagne pour filmer un enterrement. Mais la cérémonie tarde; du coup, le réel a le temps de s’imposer aux cinéastes, de les «interroger» sur le sens de leur présence. Comme toujours chez Kiarostami, le film se joue entre la fiction et le documentaire, entre le scénario et l’imprévu — «Je ne crois pas à un cinéma qui ne donnerait au spectateur qu’une version de la réalité». Ce principe d’incertitude nous force à émettre des hypothèses, le cinéaste se gardant bien de nous donner les moyens d’une (fausse) maîtrise.
BAD MA RA KHABAD BORD, 1999, Iran, couleur, 1h48, programme n°87

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