A voir lundi 31 mars 2014 à 00h25 sur France 2 |
Premier film du cinéaste et écrivain d’origine algérienne Mehdi Charef, «Le thé au harem d’Archimède» est l’adaptation de son roman quasi-éponyme («Le thé au harem d’Archi Ahmed»), que Costa-Gavras lui aurait conseillé de porter lui-même à l’écran. La filiation n’est pas anodine, puisque les deux hommes ont en commun un cinéma social et engagé, qui raconte des destins individuels en prises avec l’histoire et le contexte, souvent défavorables, dans lequel les personnages sont amenés à évoluer.
Chronique quotidienne des banlieues parisiennes, «Le thé au harem d’Archimède» raconte les déambulations de Madjid et Pat (étonnants Kader Boukhanef et Rémi Martin) qui, entre solidarités familiales et petite débrouille, tentent de rendre leur vie meilleure. Des HLM aux rues et cafés de Paris, Mehdi Charef saisit avec une sensibilité dénuée de clichés le parcours de ces fils de l’immigration, marqué par l’ennui, la honte et l’envie. Sorti en 1984, ce film autobiographique fait figure de précurseur puisqu’il ouvre la voie aux témoignages de la génération rap qui, entre musique et cinéma, fera résonner loin le cri des cités. IAM, NTM ou «La Haine» sauront porter haut et fort les revendications et la volonté de reconnaissance de cette communauté dont Mehdi Charef esquisse le portrait dans un style réaliste et teinté d’onirisme. Un film frais, novateur et poétique.
de Mehdi Charef
France, 1984, 1h45