de Martin Scorsese |
avec Daniel Day-Lewis, Michelle Pfeiffer, Winona Ryder, Geraldine Chaplin, Johnathan Price, Mary Beth Hurt, etc.
Au début du siècle, le bel avocat Newland Archer (Daniel Day Lewis) est déchiré entre la femme qu’il doit épouser, la jeune et jolie fille de bonne famille May (Wynona Rider), et celle qu’il aime (ou croit aimer), Ellen (Michelle Pfeiffer), une sulfureuse contesse qui a osé quitter son mari. Attiré par la liberté et l’anti-conformisme que cette femme représente à ses yeux, Newland n’osera pourtant jamais s’arracher au monde dont il est issu: un univers bourgeois qui, dans ce pays sans racines culturelles, s’est forgé une conduite respectable à coup de rituels, de conventions et de richesses importées d’Europe; un «nouveau monde» qui, copiant jusqu’à l’excès les comporte¬ments de l’ancien, a cru accéder ainsi à une forme de respectabilité. Le temps de l’innocence est ainsi parcouru, dès son générique, par une figure récurrente — l’idée d’un éternel recommencement — qui démontre combien la société américaine a pu changer (dans ses apparences) et combien elle est restée la même (dans ses fondements mo¬raux et structurels): la nouvelle bourgeoisie américaine du début du siècle se comportait avec le même raffinement feint et le même goût du théâtre des sentiments que la bonne société d’aujourd’hui, cachant ses mensonges, ses non-dit et sa duplicité derrière le spectacle de sa bonne conscience.
THE AGE OF INNOCENCE, Etats-Unis, 1993, couleur, 2h15; programme n°44