A voir mercredi 12 septembre 2012 à 0h55 sur Arte |
Fils d’agriculteurs de l’Aveyron, Alain Guiraudie tourne depuis le début des années nonante des films atypiques, à nuls autres pareils, dont les titres décalés expriment déjà toute leur singularité! Remarqué par la critique en 2001 avec «Du Soleil pour les gueux», un jeu de rôles aussi radical que burlesque filmé sur le plateau des Causses, et «Un Vieux rêve qui bouge», une histoire d’amour entre deux ouvriers sur fond de démantèlement d’usine, Guiraudie apparaît comme un raconteur imprévisible, féru de culture populaire, jouant à saute-mouton avec les grands récits cinématographiques, selon les moyens du bord. A la façon d’un Pasolini farceur, il revisite les mythes et donne corps à des utopies savoureuses où le sexe est toujours joyeux!
Présenté à Cannes en 2009 dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs, «Le Roi de l’évasion» a secoué la salle de rires très spontanés… Tourné dans le sud-ouest de la France, avec l’accent, le huitième film de l’auteur de «Pas de repos pour les braves» commence par une scène «bucolique» dans laquelle un paysan s’enguirlande avec sa vieille mère au sujet de l’achat d’un tracteur. Une manière de faire entrer en scène le protagoniste qui est représentant en machines agricoles: homosexuel un peu flapi, Armand (Ludovic Berthillot) secourt par hasard une jeune mineure importunée par des adolescents. A tout juste seize ans, Curly (Hafsia Herzi) saute dans les bras de son sauveur. Les deux se font alors la belle, à la réprobation générale (et très provinciale). Véritable ode à la liberté, de penser, d’agir, de changer d’orientation sexuelle, leur épopée amoureuse est dictée par la seule loi du désir, au grand dam des gendarmes qui les «pourchassent»… Une comédie délirante, sans entraves, dont la sagesse profonde n’a absolument rien de sage!
de Alain Guiraudie
France, 2009, 1h37