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Rayonnant dans les années soixante, le cinéma québécois est actuellement en pleine résurrection et foisonne de réalisateurs prometteurs ou déjà confirmés qui sont tous à suivre… Aux noms de Xavier Dolan, Denis Villeneuve, Denis Côté, et autre Philippe Falardeau, il faudra désormais ajouter celui de Sébastien Pilote, jeune auteur du passionnant «Démantèlement», mélodrame rural et taiseux de la plus belle eau.
Gaby (impressionnant Gabriel Arcand), agriculteur de son métier et éleveur de moutons, voue à ses enfants un amour inconditionnel. Par pudeur, il n’a jamais voulu en faire étalage. Las, ses deux filles ne le lui rendent guère. La cadette, une artiste, l’ignore ou presque, alors que l’aînée lui demande sans cesse de l’argent pour payer son divorce et élever ses mômes.
Un triste jour, Gaby est tenté de vendre sa propriété pour encore mieux subvenir aux besoins de sa progéniture. Avant de prendre sa décision, il assiste au démantèlement d’une ferme voisine, vendue aux enchères, chacun achetant ce qu’il veut. Ce «spectacle» poignant ne le dissuadera pas d’accomplir son geste certes généreux, mais ô combien autodestructeur… Sans une plainte, le malheureux ira ensuite s’installer en ville, reclus dans un appartement anonyme et minuscule, où il va accomplir jusqu’au bout ce processus de dépossession volontaire, guidé par un sens du devoir qui confine à l’insensé!
Variation subtile et contemporaine du célèbre «Père Goriot» de Balzac, dont il cite littéralement quelques dialogues, le deuxième long-métrage très documenté du jeune cinéaste québécois est un film intense et exigeant, dénué de toute complaisance, malgré quelques plans moutonniers baignés par le soleil couchant un brin superfétatoires.
de Sébastien Pilote
Canada, 2014, 1h52