de Pier Paolo Pasolini |
avec Franco Citti, Ninetto Davoli, P.P. Pasolini, Angela Luce, etc.
Pasolini (dont la lucidité “naïve” nous manque cruellement) est venu relativement tard au cinéma, alors que sa gloire d’écrivain était déjà assurée – dès la fin des années cinquante, Alberto Moravia le tenait pour le plus grand poète de sa génération. A l’instar de Fellini, l’auteur de “Œdipe Roi” (1967) a cessé de mettre en scène ce qu’il appelle lui-même ses “citations néoréalistes” (“Accatone”, “Mamma Roma”, “La ricotta”), dont il estime les effets véridiques insuffisants. A ces fables contemporaines, il préfère désormais l’évocation d’un passé mythique qui nous rappelle le prix de ce que nous avons perdu… Réalisé une année après “Médée”, “Le Décaméron” (1971) évoque donc un mode de vie idéal dont Pasolini puise la substance dans les cent nouvelles écrites par le poète humaniste italien Boccace entre 1349 et 1351 – juste après la Grande Peste qui décima les deux tiers de la population de Florence. Boccace aurait écrit cette œuvre considérable dans un souci de régénération, procédant à une sorte d’inventaire du “monde perdu” et des valeurs sur lesquelles pourrait se fonder sa renaissance.
IL DECAMERON, 1971, Italie, couleur, 1h51, programme n°105