En première suisse | Cannes 06, en compétition
de Nanni Moretti
avec Silvio Orlando, Margherita Buy, Daniele Rampello, Nanni Moretti, etc.
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Même s’il s’en défend, aujourd’hui, Nanni Moretti incarne en Italie la conscience d’un cinéma d’auteur mise à mal par des années de mafia audiovisuelle. En réalisant «Le caïman», l’auteur de «La chambre du fils» (2001) s’est invité sans frapper au débat électoral, au point d’effrayer les bonnes consciences de gauche qui ont craint que sa comédie sarcastique en diable soit nuisible à leur campagne. Producteur de navets en série au bord de la faillite, Bruno Bonomo (Silvio Orlando) envisage de tourner un film sur Christophe Colomb pour se refaire une santé financière. Le projet avorte.
Alors qu’il est sur le point de sombrer, une jeune réalisatrice lui soumet un scénario. Flairant un «bon» film d’action, Bruno s’aperçoit un peu tard qu’il s’agit d’un film sur Berlusconi, son ascension économique, médiatique et politique. Engagé malgré lui, notre producteur va alors connaître une rédemption assez particulière… Si la charge se révèle très violente contre «Il Cavaliere» (il y a de quoi), le ton mélancolique et dérisoire de l’ensemble ne trompera personne. Dans cet esprit, la séquence finale où Moretti accepte «in fine» et sans entrain de jouer le rôle de Berlusconi est révélatrice du type d’engagement désenchanté auquel nous contraint notre époque.
IL CAIMANO, 2006, Italie, couleur, 1h52, programme n°136
