Le Cabinet du docteur Caligari

A voir mercredi 12 février 2014 à 23h35 sur Arte |

cabinet-dr-caligari_WEB

Le jeune Franz raconte une histoire extravagante à un interlocuteur: lors d’une fête foraine, il rencontre le docteur Caligari et Cesare, un somnambule à l’apparence cadavérique qu’il exhibe comme une bête de foire. Des personnes disparaissent tour à tour dans la ville, dont la fiancée de Franz, et les soupçons se portent rapidement sur le docteur et son sbire. Néanmoins, une question persiste: est-ce que toute cette histoire existe-t-elle en dehors de l’esprit de son narrateur?

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la précarité et les désillusions du peuple allemand sont abyssales. Le cinéma n’échappe alors pas au tournant réactionnaire qu’a pris l’art. Lassés de l’approche documentaire qui dominait le paysage cinématographique allemand jusque-là, Friedrich W. Murnau, Fritz Lang et Robert Wiene, pour ne citer qu’eux, reviennent à des conceptions plus dramatiques, plus «magiques», davantage inspirées par Georges Méliès que des Frères Lumière.

En 1920, deux films marquent les débuts du cinéma expressionniste allemand: «Le Golem» (Paul Wegener, Carl Boese) et «Le Cabinet du docteur Caligari» (Robert Wiene). Dans un contexte politico-économique catastrophique, l’image allemande se laisse envahir, et ce jusqu’à l’arrivée d’Hitler au pouvoir, par des décors en dents de scie, un noir et blanc contrasté à l’extrême, des maquillages exagérés et l’éclatement de la linéarité narrative. Au-delà de sa place caractéristique dans l’Histoire, «Le Cabinet du docteur Caligari» est également devenu une référence régulièrement citée par le cinéma fantastique. La question de l’aliénation, l’atmosphère inquiétante qui émane de cet environnement onirique et surtout le personnage du savant fou, d’une audace et d’une étrangeté sans pareilles pour les spectateurs de l’époque, ont, par la suite, été repris à l’envi par le genre horrifique, en témoigne la filmographie de Tim Burton.

Das Cabinet des Dr. Caligari
de Robert Wiene
Allemagne, 1920, 1h16