Laurence Anyways

A voir en DVD!

Racontant sur dix ans la vie d’un couple dont l’homme a décidé de devenir une femme, Xavier Dolan aborde l’amour, la vie et l’identité par le biais de la transsexualité. Tout l’art de la transformation!

Après «J’ai tué ma mère» (2009), récit d’un matricide fantasmé, et «Les amours imaginaires» (2010), romance pop de jeunesse, le jeune cinéaste québécois livre un film fleuve débordant d’énergie, de courage et de poésie! «Laurence anyways» appartient en plein au très bon cinéma d’auteur, un cinéma qui ose non seulement la métaphore, mais aussi la comparaison, de façon directe et explicite. Ainsi, lorsque ses personnages se sentent submergés d’émotions, Dolan n’hésite pas à déverser des trombes d’eau, des tourbillons de feuilles mortes, des paquets de neige, ou directement à secouer les badauds qui regardent de travers parce que «c’est spécial, un transsexuel».

C’est l’histoire de deux jeunes intellectuels aux prénoms androgynes vêtus de blousons de cuir, qui philosophent en fumant et en écoutant la reprise de «Tous les cris les S.O.S» de Marie-Denise Pelletier, un morceau évocateur. Tout commence en 1989. Laurence (Melvil Poupaud), professeur de littérature au lycée, et Fred (Suzanne Clément), scripte de cinéma, vivent ensemble et se retrouvent bien dans leur ardeur commune à défier les convenances. Mais un jour, il lui annonce qu’il s’est toujours senti femme… Débutant sa métamorphose, Laurence considère leur vie ensemble toujours possible, même s’il se fait virer et taper dessus, tandis que Fred exprime des émotions ambivalentes, un tiraillement entre son amour et son incapacité à gérer une situation socialement considérée comme trop «anormale».

Esquivant à dessein le processus de transformation proprement dit pour mieux décrire l’état intérieur de Laurence, Xavier Dolan lui fait rencontrer les drag queens du village gay de la rue Sainte-Catherine à Montréal et traduit littéralement ses sentiments par le biais de séquences «clipesques», auxquelles il donne l’ampleur inédite et colorée qui fait son style. Cependant, cette altérité de genre masque en réalité la simple capacité du couple à surmonter la vie en général. Le film se mue alors en ode à la différence et à l’amour. En résulte une véritable fresque existentielle, effervescente, une révolution!

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