L’Apollonide

En présence d’invités | Cannes 2011, en compétition |
de Bertrand Bonello |
avec Hafsia Herzi, Céline Sallette, Jasmine Trinca, Esther Garrel, etc.

Tourné en numérique, «L’Apollonide – Souvenirs de la maison close» a constitué un véritable choc esthétique à Cannes où il était présenté en compétition. Ce n’est toutefois que le second film de Bertrand Bonello à avoir l’heur d’être distribué en Suisse. Musicien de formation, Bonello est pourtant l’un des cinéastes français les plus passionnants du moment avec des films majeurs comme «Le Pornographe» (2001), «Tiresias» (2003), ou «De la guerre» (2008), une description glaciale d’une secte hédoniste. Son cinquième long-métrage fait le portrait en coupe, entre 1899 et 1900, d’un bordel parisien de haut vol rendu légendaire par la cicatrice d’une prostituée mutilée par un client qui, d’un coup de couteau, lui a «dessiné» un sourire à jamais tragique. Le cinéaste a divisé son film en deux parties, ironiquement intitulées «Le Crépuscule du XIXe siècle» et «L’Aube du XXe siècle». Dans la première, il sacrifie plutôt aux apparences et aux apparats, alors que dans la seconde il décrit la déchéance d’un établissement miné par la maladie qui use les corps et défait les illusions. Evitant aussi bien la caricature que l’idéalisme, le réalisateur réussit à montrer derrière les chairs «voluptueuses» des âmes hantées par un espoir d’émancipation inconsidéré, dont seuls les esclaves peuvent se bercer… Un film à la fois troublant et subjuguant, à l’instar de sa bande originale très contemporaine, qui puise dans le répertoire de la musique soul.
L’APOLLONIDE – SOUVENIRS DE LA MAISON CLOSE, France, 2011, couleur, 2h02, programme n°170