L’amour est plus froid que la mort

A voir lundi 25 juin 2012 à 22h50 sur Arte

Produit et interprété sous la houlette de la troupe de l’Antiteater (fondée par Fassbinder en 1968 et vouée à bouleverser les conceptions du théâtre bourgeois), présenté au Festival de Berlin en 1969, «L’amour est plus froid que la mort» est le premier long-métrage réalisé par Rainer Werner Fassbinder. Il est dédié à Chabrol, Straub, Rhomer et quelques autres. On y trouve déjà la patte d’un véritable auteur, accordant un soin exceptionnel à la lumière et aux contrastes. On y ressent les influences et les références du cinéaste, en particulier celles de Straub dans certains plans très insistants, et celles de Godard dans les décors en noir et blanc des faubourgs. On peut donc y entrevoir la filmographie future de Fassbinder… ce qui est en soi totalement passionnant!

Franz Walsch est un petit délinquant. Etabli à Munich avec une prostituée, Franz a de l’ambition dans le hold-up et refuse d’obéir au syndicat du crime, préférant multiplier les coups sanglants en indépendant, au cours desquels il abat plusieurs personnes, dont une serveuse qui s’appelle Erica Rohmer… Tandis que la pègre lui envoie un «mouton» et fait mine de céder à ses exigences, la police resserre sa souricière.

A sa sortie, le film laissa les spectateurs perplexes, encore hermétiques à la merveilleuse façon qu’avait Fassbinder de démonter les codes cinématographiques. Inspiré du «Samouraï» (1967) de Melville avec Alain Delon, «L’amour est plus froid que la mort» déjoue pourtant les conventions pour révéler avec une virtuosité hors du commun les visions pessimistes de Fassbinder sur les rapports humains, perclus de faux semblants et de trahisons!

Liebe ist kälter als der Tod
de Rainer Werner Fassbinder
Allemagne de l’Ouest, 1969, 1h28