La Toile d’araignée

A voir mercredi 24 août 2011 à 22h05 sur TCM

En déroulant son action dans un asile psychiatrique, «La Toile d’araignée» exploite un ressort classique de la littérature contemporaine et du cinéma en se demandant qui, des médecins ou des malades, est plus fou. Outre ce questionnement non dénué de pertinence et que Minnelli soigne avec un sens du récit fascinant, son vingtième opus est d’une modernité saisissante, puisqu’il aborde l’évolution de la médecine psychiatrique vers des méthodes moins restrictives et offre à Lauren Bacall un rôle de médecin, statut plutôt rare pour une femme à l’époque, dans la réalité comme à l’écran! Tourné en CinémaScope, le film se distingue par l’écriture raffinée de ses personnages, dont Minnelli extrait toute la profondeur. A qui revient la décoration du salon et la fabrication des nouveaux rideaux? A partir de cette broutille, les tensions ne manqueront pas de prendre de l’ampleur entre les murs de l’asile. D’un côté les nouveaux médecins de la clinique, Stewart (Richard Widmark) et Meg (Bacall), tenants d’une psychiatrie progressiste et qui invitent un patient à fabriquer lui-même les rideaux, de l’autre l’ancien directeur Douglas (Charles Boyer) devenu alcoolique et la vieille infirmière revêche Victoria (excellente Lillian Gish), qui revendique son droit de décorer le salon… les choses se compliquent lorsque Karen (Gloria Grahame), la femme de Stewart, propose elle aussi un modèle de rideaux neufs pour tenter d’arracher son mari des bras de Meg avec laquelle il entretient une liaison! Un chassé-croisé mélodramatique d’une efficacité et d’une élégance dont seul Vincente Minnelli a le secret. A découvrir sur petit écran, si vous n’avez pas la patience d’attendre la rétrospective consacrée au cinéaste à la Cinémathèque suisse en septembre…

The Cobweb
de Vincente Minnelli
Etats-Unis, 1955, 2h