La Porte du diable

de Anthony Mann |
avec Robert Taylor, Paula Reymond, Louis Calhern, Edgar Buchanan, etc.


L’œuvre, immense, d’Anthony Mann (1906-1967) s’inscrit dans un entre-deux : l’auteur de « L’Homme de l’Ouest » (1958) est en effet à la fois un « classique » par la rigueur linéaire de ses intrigues, la clarté et la simplicité fonctionnelle de sa mise en scène, son refus du pittoresque, de l’insolite, du baroque. Dans le même temps, il introduit dans le genre des valeurs inédites : la culpabilité, la névrose, la vengeance, l’intérêt, la peur de l’autre. Le western garde pourtant toute son intégrité en devenant dès lors le lieu naturel où l’on peut surmonter ces sombres passions, comme pour s’en purifier – à l’exemple de la catharsis chère aux tragédies grecques. A partir de 1950, Mann entame la réalisation d’une série de westerns aujourd’hui devenus mythiques. Réalisé la même année, « La Porte du diable » constitue par ailleurs l’une des premières productions hollywoodiennes à prendre le parti des indiens en retraçant le calvaire du soldat Lance Poole (Robert Taylor), qui, malgré sa médaille du Congrès, reste un « sale rouge »… Echec commercial à sa sortie pour des raisons que l’on devine aisément, « La Porte du diable » a été réhabilité depuis lors.
DEVIL’S DOORWAY, Etats-Unis, 1950, noir et blanc, 1h24; programme n°84