La Maman et la putain

de Jean Eustache |
avec Jean-Pierre Léaud, Bernardette Laffont, Françoise Lebrun, Isabelle Weingarten, Jean Douchet, Noël Simsolo, Jean Eustache, etc.


Avec un budget dérisoire qui renoue avec la seule morale artistique acceptable (solitude et pauvreté), en se démultipliant comme un beau diable (scénario, réalisation, interprétation, prise de son, montage, etc.), en se pliant sans cesse à la contrainte du strict minimum, Eustache a peut-être réalisé avec «La Maman et la putain» l’un des chefs-d’œuvre les plus durables du cinéma français… Alexandre (sublime Jean-Pierre Léaud) aime Marie (sublime Bernadette Laffont), mais comme tout, alentour, paraît changer, il décide lui aussi de changer et s’amourache de Véronika (sublime Françoise Lebrun). Fleuve étourdissant de mots et d’images, «La Maman et la putain» nous parle d’amour pendant plus de trois heures avec une tendresse et une violence inouïes, sur fond de Mozart et d’Edith Piaf. «Jeune homme pauvre qui ne possède que la parole», Jean-Pierre Léaud s’en sert à la fois comme d’une arme, d’un masque, d’un pain à partager… «Le premier vrai film parlant», a conclu un autre grand cinéaste. On lui donne mille fois raison!
France, 1973, noir et blanc, 3h40; programme n°72

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