La Forêt oubliée

| Japon |
Cannes 05, Quinzaine des réalisateurs
de Kohei Oguri


Méconnue en Europe, l’œuvre de Kohei Oguri s’étale sur vingt-cinq ans mais compte seulement cinq titres. Depuis 1996 et «L’Homme qui dort», lequel méditait déjà sur la dissolution de notre lien avec la nature, le cinéaste japonais n’avait plus rien tourné. Il nous revient aujourd’hui avec «La Forêt oubliée», l’un de ses films discrètement enchanteurs dont il a le secret… Il faut entrer sans hâte dans ce récit en forme de puzzle qui pourra déconcerter le spectateur trop pressé.

Trois jeunes lycéennes manifestent leur rébellion contre le monde des adultes en créant un récit merveilleux dont les épisodes impliquent peu à peu les habitants de leur petite ville de province. A l’instar de toute rêverie, le film reste longtemps «en puissance». Il revient au spectateur d’en assembler les pièces à sa guise. Mais la découverte dans le sous-sol de la ville d’une forêt disparue depuis des milliers d’années décuple encore cette disposition au songe: même le maire y succombera… Tourné en vidéo digitale, «La Forêt oubliée» prouve sans ostentation que le numérique peut être source de beauté indicible. Usant paradoxalement des dernières technologies, Oguri montre ce que nous avons peut-être perdu: l’émerveillement d’être au monde!
UMOREGI, Japon, 2005, couleur, 1h33, programme n°141