La Famile Savage

A voir mardi 11 septembre 2012 à 22h55 sur RTS Deux |

Qui doit s’occuper de nos parents vieillissants, plus à même de subvenir à leurs propres besoins? D’avantage qu’un dilemme, c’est un cas de conscience de nos sociétés occidentales. En effet, le nord-ouest de la planète a tendance à parquer le troisième et le quatrième âge dans des maisons de retraite plus ou moins accueillantes, et ce avec plus ou moins de scrupules. Mais lorsqu’il s’agit de placer un vieux père absent depuis qu’il vous a abandonnés dans votre jeunesse aux soins d’une mère dépressive, quelle morale adopter?

Jon (Philip Seymour Hoffman) penche pour un mouroir à proximité de chez lui, tandis que Wendy (Laura Linney) ne peut s’accommoder de ce débarras radical. Pourtant les frangins ont de quoi en avoir maille à partir avec le paternel (Philip Bosco). Leur égocentrisme compulsif et leur inadaptation sentimentale, ce docteur en philo et sa sœur intérimaire et dramaturge amateur ne l’attribuent qu’à une seule cause: leur père absent. Et pourtant, guetté par la maladie d’Alzheimer, le vieil acariâtre n’en devient pas moins attachant…

Pour ce second long-métrage après «Les Taudis de Beverly Hills», qu’elle avait déjà élaboré à partir d’éléments autobiographiques, Tamara Jenkins file une comédie de moeurs teintée d’un cynisme décomplexé et jouissif. Les relations familiales, les vies sexuelles et affectives pathétiques de ces Hansel et Gretel modernes, le monde et les référence artistico-intellos dans lesquels ils baignent au quotidien; tout y passe, avec un humour grinçant qui ne prive pas les personnages de leur humanité, bien au contraire. Porté par des acteurs au sommet de leur ordinaire magnifique, «La Famille Savage» est une perle de cinéma indépendant américain.

The Savages
de Tamara Jenkins
Etats-Unis, 2007, 1h53