A voir dimanche 28 juillet 2013 à 0h20 sur France 3 |
Issu de la classe ouvrière, Elio Petri (1929) est mort d’un cancer à l’âge de cinquante-trois ans, nous léguant une œuvre riche de onze longs-métrages qui font de lui l’un des cinéastes italiens les plus particuliers de notre premier siècle de cinéma, l’un des plus méconnus aussi… Journaliste, critique de cinéma, membre du parti communiste qu’il quitte dès 1956 pour protester contre l’«invasion» hongroise par les Soviétiques, Petri apprend le cinéma auprès du grand metteur en scène néoréaliste Giuseppe De Santis, l’auteur de «Riz amer». Petri tourne son premier long-métrage en 1961, «L’Assassin», puis enchaîne avec des films aussi corrosifs qu’engagés qui auront plus d’une fois maille à partir avec la censure italienne («Les Jours comptés», «Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon», Oscar du meilleur film étranger en 1970, «La Classe ouvrière va au Paradis», Palme d’or à Cannes en 1972, etc.).
Quand le futur réalisateur de «Todo modo» (1976) s’attelle à la réalisation de «La Dixième victime» en 1965, il n’est pas encore considéré comme l’un des «analystes les plus lucides et les plus désespérés de la schizophrénie contemporaine», pour reprendre la belle définition de l’essayiste Jean A Gili, l’un des meilleurs connaisseurs du cinéma italien de l’époque… Dans un futur proche, les gouvernements se sont entendus entre eux pour maîtriser les pulsions meurtrières de leurs concitoyens en organisant de grandes chasses à l’homme en guise d’exutoire. Les règles sont on ne peut plus simples : chacun a le droit de participer, avec pour but ultime de survivre à dix «chasses» en étant alternativement le chasseur ou le gibier. Peu y parviennent. Les heureux gagnants sont couverts de gloire et d’argent.
De nationalité américaine, Caroline Meredith (Ursula Andress) en est justement à sa dixième et dernière participation. Pour remporter cette ultime épreuve, elle doit tuer Marcello Polletti (Marcello Mastroianni) qui, lui, n’a a son actif que six meurtres… Adapté d’une nouvelle de l’écrivain américain Robert Sheckley, ce film très «pop» vaut surtout pour sa dystopie (contre-utopie) très sarcastique qui reflète surtout l’idée que se fait le cinéaste du monde contemporain… Bref, en un mot comme en cent: un film cultissime et ravageur, porté par deux acteurs au sommet de leur célébrité, avec Ursula Andress, ex-James Bond Girl encore nimbée de l’aura conférée par sa sortie de bain de «James Bond 007 contre Dr. No» (1962), et Marcello Mastroianni, consacré «latin lover» depuis «La dolce vita» (1960).
La Decima vittima
de Elio Petri
Italie / France, 1965, 1h30