A voir lundi 10 septembre 2012 à 22h50 sur Arte |
S’il réalise aujourd’hui des documentaires explorant des traces d’humanité dans des confins inaccessibles, de la grotte Chauvet en Ardèche («Cave of Forgotten Dreams» sorti en 2010 en 3D) au couloir de la mort («Into the Abyss» en 2011 et «On Death Row» à venir), Werner Herzog est avant tout célèbre pour ses œuvres excessives au romantisme démesuré, dont la figure centrale est l’acteur Klaus Kinski («Aguirre, la colère de Dieu» 1972, «Woyzeck» 1979, «Fitzcarraldo» 1982). Sa filmographie contient également des productions plus proches de l’esthétique du Nouveau cinéma allemand, dont Herzog est avec Fassbinder l’un des chefs de file. En décrivant les stratégies de survie sociale d’un trio de marginaux sur un ton tragi-comique qui frise l’absurde, «La Ballade de Bruno» (1977) s’inscrit dans cette veine.
Bruno (Bruno S.) sort de prison après avoir juré qu’il ne boirait plus. Il entre dans un bistrot et commande une bière. C’est là qu’il assiste à une scène révoltante: les négociations entre deux maquereaux autour de la vente d’une prostituée, Eva (Eva Mattes). Bruno prend Eva sous son aile et ensemble ils rejoignent son appartement, où un retraité un brin simplet (Clemens Scheitz) prenait soin de l’oiseau de Bruno pendant son absence. Constatant la médiocrité de la vie berlinoise en pleine Guerre froide, le trio décide de tenter le rêve américain. Mais l’Amérique n’est pas vraiment le Pays de Cocagne, et Bruno n’est pas vraiment le prototype du self made man… Herzog signe une balade triste aux antipodes du «Yes, we can», enhardie pourtant dans ses premiers pas par des soubresauts d’espoir (grâce à l’énergie d’Eva) et des chansons qui mettent le baume au cœur (Bruno à la guitare).
Stroszek
de Werner Herzog
Allemagne de l’Ouest, 1976, 1h47