Jour de fête

de Jacques Tati |
avec Jacques Tati, Paul Frankeur, Guy Decomble, Santa Relli, etc.


Jacques Tati n’était pas seulement un «gagman» de génie, mais il était aussi un des plus grands cinéastes français, celui qui a «inventé le son moderne au cinéma», celui qui a «réussi à faire rire au spectacle des choses en train de se décomposer». Dans «Jour de fête», son premier long métrage, tourné en 1947 et sorti en 1949, il n’incarne pas seulement le facteur burlesque et naïf qui expérimente la «tournée à l’américaine»; Tati décrit pour la première fois dans le cinéma français la vie d’un petit village de France, un jour de fête, avec un grand souci documentaire. Pour ce faire, il estime que la couleur est indispensable: «Je m’étais donné beaucoup de mal pour faire ce film en couleurs. J’avais fait repeindre beaucoup de portes dans le petit village en gris assez foncé, j’avais habillé tous les paysans avec des vestes noires et surtout les paysannes, pour qu’il n’y ait presque pas de couleurs sur cette place. La couleur arrivait avec les forains, le manège, les chevaux de bois et les baraques foraines. Quand la fête était terminée, on remettait la couleur dans les grandes caisses et la couleur quittait le petit village.» Mais à l’époque, en France, les techniques couleurs sont nombreuses (et pas toujours au point). Le film est alors tourné simultanément avec deux caméras, l’une en noir et blanc, l’autre en couleur… Hélas, le laboratoire couleur fait faillite peu après, et son procédé disparaît aux oubliettes de la technique. Il faudra attendre les années 90 pour que sa fille, Sophie Tatischeff et le chef opérateur François Ede redécouvrent les négatifs oubliés, les restaurent, réinventent ce procédé de tirage couleur et nous donnent enfin, en 1995, «Jour de fête» tel que Jacques Tati l’avait voulu, pensé — mais jamais vu: en couleurs.
France, 1947-49, couleurs, 1h25; programme n°46