Jersey Boys

    A voir dimanche matin à Neuchâtel |

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      A quatre-vingt-quatre ans passés et trente-trois longs-métrages au compteur, Clint Eastwood fait toujours preuve de la même puissance créatrice… Après «J. Edgar» en 2012, qui tirait le portrait du boss pitoyable du FBI, le réalisateur de «Bird» poursuit sa révision des grands mythes américains. Contraint à renoncer à mettre en scène le «remake» de «Une étoile est née», avec Beyoncé dans le rôle tenu à l’origine par Judy Garland (waouh, quel projet!), Eastwood est resté dans le registre du film musical en portant à l’écran un spectacle toujours à l’affiche à Broadway. Avec son intelligence coutumière, il reprend peu ou prou la distribution de la pièce, ce qui confère à ses acteurs un anonymat judicieux en regard de leurs personnages surgis de nulle part.

      Classique dans la forme par ruse, Eastwood retrace l’ascension fulgurante de «The Four Seasons», un groupe qui connut son heure de gloire dans les années soixante. De la naissance au déclin en passant par la rupture, il nous raconte ainsi la carrière de quatre petites frappes italo-américaines qui auraient sans doute bien mal tourné s’ils n’avaient connu le succès en poussant la chansonnette!

      Même s’il donne tout leur éclat aux différents numéros musicaux qui ponctuent ce biopic, Eastwood demeure à dessein sur la réserve. En observateur averti de «l’american way of life», Eastwood se garde de mythifier le milieu du showbiz, lui préférant une approche vériste qui n’exclut pas un zeste de cruauté. L’air de rien, tout en douceur, le vieux Clint n’épargne guère ses personnages bien propres sur eux et dépourvus d’un réel charisme, au point qu’ils ne résisteront guère au pouvoir corrupteur du temps, l’un des grands thèmes du cinéaste!

      de Clint Eastwood
      Etats-Unis, 2014, 2h14