Je vais vous dire un secret

Programme n°221 |

Du 30 mai au 3 juillet, Passion Cinéma présente 9 films qui dévoilent des secrets et des mystères chacun à leur manière… En plus de ce cycle très révélateur, ne manquez pas le ciné-concert exceptionnel «Un Petit Air de Mai (68)» et la séance spéciale de «Bienvenue en Suisse» en présence de la réalisatrice Sabine Gisiger!

Pour toutes celles et tous ceux qui ne sacrifient guère au dieu football, Passion Cinéma joue crânement contre le cours du jeu en proposant un dernier cycle de films avant sa pause estivale. L’idée même du secret est un joli paradoxe. Celui-ci n’existe en effet que par et dans son dévoilement. Il faut donc l’ébruiter pour qu’il soit connu. Mais sitôt révélé, le secret, à proprement parler, n’en est plus vraiment un!

Mal de dos

Tel un sale gamin qui ne saurait tenir sa langue, le cinéma fait autorité dans l’art de la divulgation des secrets, comme en attestent les centaines de films comportant ce mot dans leur titre. Ainsi, les œuvres proposées par Passion Cinéma ont, d’une façon ou d’une autre, partie liée avec ce concept énigmatique, qui n’advient que pour mieux disparaître, à l’exemple du mal de dos dont est frappé le protagoniste de «Je vais mieux» de Jean-Pierre Améris.

Effet déstabilisateur

La découverte impromptue d’un secret peut être dévastatrice ou régénératrice, voire les deux, ainsi que le montrent les frères Taviani dans «Une Affaire personnelle», ultime film signé par ce si cher duo toscan. Il y a aussi tout ce que l’on n’ose avouer, même pas à soi-même, par effroi du jugement porté par autrui, à l’instar de la mère indigne de «Tully» de Jason Reitman. Sans parler des secrets de famille dont l’effet déstabilisateur est souvent d’une puissance sans égale («Comme nos parents» de Laís Bodanzky).

Sissi et le pape

Mais il n’y a sans doute rien de plus fort sur le plan du cinéma que ces moments au cours desquels le secret résiste à son ébruitement, a fortiori dans un documentaire comme celui de Wim Wenders, où le pape François s’efforce de conserver son statut d’icône, exploitant comme un vieux briscard de la com’ l’admiration un brin béate du réalisateur. Autre cas de figure très révélateur de notre désir inextinguible de mystère, la circonstance où le secret n’en est peut-être pas un, à l’exemple de la destinée simplement malheureuse de Romy Schneider («3 jours à Quiberon» de Emily Atef), qui n’a pu se défaire de l’image de Sissi…

Vincent Adatte