J’ai engagé un tueur

Aki Kaurismäki |
avec Jean-Pierre Léaud, Margi Clarke, Kenneth Colley, Joe Strummer, Serge Reggiani, etc.

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      Délivré de toute finalité (idéologique, émancipatrice, financière etc.), l’Art (ou du moins ce qui se prétend comme tel) survit au jour d’aujourd’hui cahin-caha, en subissant les affres combien plus saines de l’auto légitimation, laquelle passe par la simple mais sage affirmation de l’aptitude au renouvellement; oh, juste de quoi nous autoriser l’agrément d’une métaphore idéaliste… quelque chose de l’ordre de la transfusion: le renouvellement des formes artistiques exhibé comme preuve attestant de notre capacité d’évoluer.
      Dépourvu de tout fantasme quant à son rôle d’artiste, Aki Kaurismäki, semble-t-il, ne vise à rien d’autre qu’à favoriser l’évolution de l’art qu’il pratique, et s’est donc imposé les conditions de la plus grande indépendance: films à budgets modestes, réalisés sans ambition, sinon faire du cinéma — c’est pourquoi Kaurismäki atteint souvent à l’essentiel. Dans cette optique, «J’ai engagé un tueur» constitue sans doute une sorte de manifeste où tout s’accorde de manière éblouissante pour dire la même chose: le cinéma ne peut vivre ou survivre que par la force d’imagination de ceux qui le font.
      Il faut donc absolument voir comment Kaurismäki sauve la vie d’Henri (Jean-Pierre Léaud), un employé de bureau qui, congédié, tente de se suicider, puis en désespoir de cause, engage un tueur pour accomplir cette «sale besogne»… Sauvé non pas au nom d’un quelconque respect intangible du Vivant, mais par la seule grâce de l’imaginaire d’un metteur en scène qui croit encore au cinéma.
      I HIRED A CONTRACT KILLER, Grande-Bretagne / Suède / Allemagne / Finlande, 1991, 1h20, couleur; programme n°10