Inland Empire

Venise 06, hors compétition
de David Lynch
avec Laura Dern, Jeremy Irons, Justin Theroux, Harry Dean Stanton, etc.


Depuis son premier long-métrage, «Eraserhead» (1977), David Lynch n’a jamais été aussi loin dans la désorientation du spectateur appelé à vivre une expérience sensorielle d’une intensité folle… L’actrice Nikki Grace (interprétée par une Laura Dern éblouissante) doit jouer dans le nouveau film du réalisateur Kingsley Stewart (Jeremy Irons). Elle a pour partenaire Devon Berk (Justin Theroux), un séducteur gominé, marié et père de famille. En pleine répétition, Stewart révèle soudain à ses deux têtes d’affiche que le scénario de «On High In Blue Tomorrows» constitue en réalité le remake d’un film inachevé, dont la réalisation a été interrompue après le meurtre de ses interprètes principaux. A la fois effrayés et excités, Nikki et Devon n’en continuent pas moins le tournage. Ce faisant, ils sont entraînés dans un univers de plus en plus déroutant, où les méprises se multiplient…

Depuis belle lurette, le réalisateur de «Mulholland Drive» (2001) a fait du trouble de l’identité l’un de ses thèmes de prédilection. Inracontable, son dixième long-métrage de cinéma peut être assimilé à une plongée vertigineuse dans un cerveau humain («l’empire du dedans») aux prises avec un inconscient d’une opacité fascinante. L’on s’y égare, mais c’est voulu, nullement arbitraire, tant Lynch maîtrise ce vacillement organisé de la raison, qui redonne au septième art une puissance poétique déboussolante. Plus moyen de distinguer l’avant de l’après, l’ici de l’ailleurs, la belle image de la mauvaise définition, le film sort littéralement de ses gonds pour gagner des hauteurs encore inexplorées… Un véritable objet cinématographique non identifié!
2006, France / Pologne / Etats-Unis, couleur, 2h52, programme n°143