A quatre-vingts ans passés, la réalisatrice Margarethe von Trotta n’a rien perdu de sa verve créatrice. Au cours de sa carrière, cette figure fondatrice de ce que l’on a appelé dans les années septante «le nouveau cinéma allemand» a déjà prouvé toute son excellence dans l’art difficile du biopic, s’attachant à des personnages féminins forts et emblématiques, telle la militante et théoricienne Rosa Luxemburg, la philosophe Hannah Arendt ou encore la mystique Hildegard von Bingen. Qu’elle se voue aujourd’hui à Ingeborg Bachmann n’est donc pas surprenant. Le biais biographique choisi par Von Trotta est passionnant, concentrant son récit sur les quatre années qu’a vécues la poétesse autrichienne avec l’écrivain suisse Max Frisch, dont elle était «douloureusement amoureuse»… Avec un humour amer, Von Trotta excelle à dépeindre le délitement progressif de leur relation, l’impossibilité de créer en partageant un espace commun, une impossibilité qui constitue le thème profond du film… Un autre atout réside dans l’interprétation en tout point remarquable de l’actrice germano-luxembourgeoise Vicky Krieps, qui confère à son personnage une force fragile bouleversante.
de Margarethe von Trotta
Suisse/Autriche/Allemagne/Luxembourg, 2023, 1h51
INGEBORG BACHMANN – D’UN DéSERT L’AUTRE
Lausanne
Zinéma, 21:00