A voir mercredi 12 septembre 2012 à 22h40 sur Arte |
Après s’être consacré aux tziganes et à la culture gitane, de «Corre gitano» en 1981 à «Liberté» en 2012 (en passant par «Latcho Drom» et «Gadjo Dilo»), après avoir effectué plusieurs retours sur l’Algérie, sa terre natale, à l’image d’«Exils», Tony Gatlif livre un témoignage vibrant sur le mouvement des Indignés.
Plongeant dans la rue et la réalité palpable d’une Europe en pleine révolte, le cinéaste (lui-même débarqué en France à 14 ans) adopte le regard et suit le voyage de Bett, une clandestine africaine. Librement inspiré du fameux ouvrage de Stéphane Hessel intitulé «Indignez-vous!», «Indignados» mêle le parcours semé d’embûches de la jeune femme à des images symboliques. Et Gatlif d’approcher ainsi les indignés sur la Puerta del Sol à Madrid, ou d’évoquer grâce à la métaphore l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, marchand ambulant à l’origine de la révolution de jasmin en Tunisie…
Ce faisant, Gatlif livre un film à la musique omniprésente. Comme chez les gitans, elle semble ordonner la colère viscérale qu’éprouve le peuple, tant il est victime d’injustices et d’ostracisme sur ses propres terres. Si certains reprocheront évidemment à ce film «documentaire» sa subjectivité, le propos de Gatlif est avant tout cinématographique. Par film interposé, il s’agit bien de rendre leur dignité aux indignés et aux clandestins (ce qu’il fait très bien), moins de mener la révolution.
Indignados
de Tony Gatlif
France, 2012, 1h30