A voir mardi 18 septembre 2012 à 02h25 sur Arte |
Le phénomène du Loch Ness cristallise toutes les passions depuis sa «découverte» au 19ème siècle. Romantiques tourmentés, badauds inspirés, charlatans cupides ou scientifiques de tous poils se sont penchés sur le cas Nessie avec plus ou moins d’intérêt et de pertinence. Dernièrement, ce sont d’innombrables études socio-ethno-anthropologiques qui s’amusent à expliciter les raisons sociétales d’une telle fabulation gothico-fantastique… Passionné par la «distinction entre les faits et la réalité» et ce qu’il appelle la «vérité extatique», l’un des cinéastes les plus illuminés du 20ème siècle s’est mis en tête de se rendre lui-même sur les traces du monstre du Loch Ness.
Werner Herzog et son jeune acolyte Zak Penn, qui fait ses premières armes derrière la caméra, se rendent en Ecosse pour nourrir leur fresque sociologique de témoignages aussi croustillants que farfelus. Entourés de plusieurs caméramans, dont certains tournent un portrait du réalisateur de «Aguirre, la colère de Dieu» (diffusé le soir même sur Arte), Penn et Herzog entrent en contradiction devant cet imbroglio de convictions et d’incrédulités. Leurs méthodes et points de vue divergent à tel point que le tournage vire progressivement au drame, d’autant plus que ça commence à bouger sérieusement au fond du loch…
Monté à partir des images du making off, «Incident au Loch Ness» est donc au final le film sur le film qui ne se fera jamais… Un peu comme «Lost in la Mancha» sur le tournage avorté du «Don Quichotte» de Terry Gilliam, l’authenticité en moins. Quoi que… Goguenard et facétieux, le canular prend parfois le virage d’un effrayant sérieux façon «Blair Witch Project», lorsque le terrible cinéaste-acteur use de sa trempe de fer. Un exemple jouissif de cinéma-vérité postmoderne!
Incident at Loch Ness
de Zak Penn
Etats-Unis, 2004, 1h45
