In filmo veritas

Programme n°234 |

Vérités bien cachées, mensonges mal gardés, apparences trompeuses, impostures et mystifications… Du 17 février au 24 mars, Passion Cinéma présente onze longs-métrages qui pratiquent l’art subtil de la dissimulation et du dévoilement. Ne manquez pas ces films inédits et les séances en présence des cinéastes et invité·e·s.

In filmo veritas

Encore de nos jours, nombre de films prétendent à un dévoilement de la vérité, comme si le fait de filmer devait être toujours assimilé à un «montrer vrai», réactualisant la fameuse phrase attribuée à Saint Thomas d’Aquin: je ne crois que ce que je vois! Cette croyance est un sublime paradoxe, dans le sens où le cinéma repose pour la plupart du temps sur une vaste tromperie très rigoureusement organisée – dont l’ère numérique a encore décuplé l’incroyable potentiel de crédibilité.

Sujet à caution

Bien des cinéastes, et non des moindres, persistent dans cette voie contradictoire, n’hésitant pas à convoquer toutes les puissances du faux pour nous conter le récit d’une vérité s’imposant, qui plus est, in fine. Pourtant, Hitchcock semblait avoir drastiquement réglé la question avec «Le Grand Alibi» («Stage Fright») et son célèbre flash-back mensonger, distillant tel un poison dans la conscience des spectateurs·trices la notion déstabilisante mais ô combien saine d’un narrateur sujet à caution…

Mirage, mon beau mirage

En découvrant les premières images du Cinématographe des frères Lumière, l’écrivain Maxime Gorki les avait aussitôt comparées à une forme de mirage dont il allait être difficile de se débarrasser. La suite lui a donné raison… A divers titres, les onze films programmés dans ce cycle «In filmo veritas» illustrent cette singularité faisant toute la grandeur du cinéma: un beau et grand mensonge permet paradoxalement d’approcher la vérité de l’être (et des êtres), fût-elle celle d’un petit pantin de bois comme Pinocchio.

Vincent Adatte