Né à Naples en 1959, Mario Martone s’est d’abord fait connaître comme metteur en scène de théâtre. A la tête de la compagnie napolitaine «Falso Movimento» (qu’il a fondée en 1979), Martone devient rapidement l’une des figures les plus significatives de l’avant-garde théâtrale italienne, avec des spectacles comme «Otello» (d’après Verdi) ou «Retour à Alphaville», brillante variation sur le film de Godard. Dramaturge très visuel, il se sent irrésistiblement attiré par le cinéma et réalise en 1991 un premier film intitulé «Mort d’un mathématicien napolitain», consacré au suicide du neveu de Bakounine et qui remporte le Grand prix du jury à Venise. Suivront notamment le splendide «L’Amour meurtri» (1995), adapté du roman d’Elena Ferrante, ou encore «Frères d’Italie» (2010), œuvre fleuve qui retrace les destins de trois révolutionnaires pris dans les remous de l’unification italienne entre 1828 et 1859.
Adapté de la pièce homonyme d’Eduardo De Filippo, «Il sindaco del Rione Sanità» nous plonge dans les quartiers malfamés de la banlieue napolitaine avec des personnages aux prises avec la culpabilité, la rédemption et l’espoir… Antonio Barracano, un homme respecté et charismatique appelé Le Maire du Rione Sanità, un des quartiers les plus difficiles de Naples, impose la justice selon ses critères, au-delà de la loi et sans distinction de clans. Lorsque Rafiluccio Santaniello, le fils du boulanger, lui confie qu’il veut tuer son propre père, Le Maire reconnaît ce même sentiment de vengeance qui l’obsédait quand il était plus jeune… Née alors que Martone dirigeait une troupe dans un ancien gymnase transformé en théâtre, cette fiction relie l’œuvre d’Eduardo De Filippo à la réalité des quartiers délaissés de la banlieue de Naples, permettant ainsi au réalisateur de «soumettre le texte à l’épreuve de la société contemporaine».
Le Maire du Rione Sanità
de Mario Martone
Italie, 2019, 1h55
