A voir lundi 5 novembre 2012 à 0h25 sur Arte |
Troisième volet de son histoire de l’Amérique après «Il était une fois dans l’Ouest» (1968) et «Il était une fois la Révolution» (1971), Sergio Leone mettra plus de douze ans pour accoucher de son film le plus ambitieux, «Il était une fois en Amérique». Pour s’y consacrer, il refuse de réaliser la saga du «Parrain», épuise plusieurs scénaristes, se bat pour trouver un producteur qui accepte de financer ce projet pharaonique, assiste à la mort de Steve McQueen, pressenti pour le rôle finalement endossé par Robert de Niro… Tourné en près d’une année sur plusieurs sites de New-York à Paris en passant par Ankara, le film subira des coupes drastiques sur ordre des producteurs, au grand dam du cinéaste. La RTS diffuse la version originale avalisée par le Leone, qui dure quelque 3h40…!
Fidèle au principe qui sous-tend la trilogie «Il était une fois…», ce dernier opus se base sur une narration en deux temps: la jeunesse et la vie adulte. On y retrouve le gangster David «Noodles» Aaronson âgé, qui retourne à New York et constate l’échec de sa vie. Le film se construit alors en une alternance de flash-backs et de projections, qui suivent Noodles dans son jeune âge (Robert de Niro), décrivent son amitié à toute épreuve avec Max (James Woods), leur parcours de petits délinquants devenus trafiquants d’alcool impitoyables pendant la prohibition, ses amours ratés avec Deborah (Elizabeth McGovern), et la spirale de la violence qui accompagnera la fin de la prohibition… Une fresque historique qui dépeint à travers le destin d’un seul homme un portrait tragique de l’Amérique du 20ème siècle, composée d’une masse d’individus prêts à tout par soif de prestige et d’argent.
Enchaînant les plans somptueux dans les rues et arrière-cours new-yorkaises, esthétisant comme jamais les séquences de tuerie – un des règlements de compte les plus poétiques du cinéma, dans une usine de plumes! – Sergio Leone maîtrise également la temporalité de façon exemplaire. Film proustien à plusieurs égards, il mobilise les souvenirs de son personnage et dilate le temps avec une telle habileté que cette tragédie adaptée d’une histoire vécue prend par moments les attraits d’un songe fabuleux. Restauré par la cinémathèque de Bologne sur demande de Martin Scorsese, «Il était une fois en Amérique» a été projeté cette année au Festival de Cannes en présence de Robert de Niro, restituant ses lettres de noblesse à ce chef-d’œuvre boudé du grand public.
Once Upon a Time in America
de Sergio Leone
Etats-Unis / Italie, 1984, 3h49