Homo Faber (Trois Femmes)

En présence du réalisateur | Locarno 2014, hors compétition | Lisbonne 2014, sélection doclisboa
de Richard Dindo
avec Marthe Keller, Daphné Baiwir, Amanda Barron, etc.

homo-faber_WEB

Parfait autodidacte, le Zurichois Richard Dindo a tourné près de trente documentaires qui en font l’un des plus grands cinéastes du genre. De «Arthur Rimbaud, une biographie» (1990) à «Wer War Kafka?» (2006), en passant par «Ernesto Che Guevara, le journal de Bolivie» (1994), ce réalisateur tenace pratique un cinéma du réel à nul autre pareil, basé sur la mémoire et à même de ressusciter des protagonistes disparus par le prisme de ceux qui les ont connus.

Appliquée au célèbre «Homo Faber» de Max Frisch, publié en 1957, et adapté de façon scolaire par Volker Schlöndorff en 1991, sa démarche de cinéaste se révèle aussi audacieuse que pertinente. Entre documentaire et fiction, Dindo nous entraîne dans un récit raconté par la voix intérieure de Walter Faber. Le célèbre ingénieur du roman de Frisch regarde la lune depuis le désert de Tamaulipas au Mexique, avant de saisir sa machine à écrire Hermes-Baby pour nous emmener à la rencontre des trois femmes de sa vie: Ivy (Amanda Barron), la New-Yorkaise chic qui aime manger du homard en buvant du Sauternes, Sabeth (Daphné Baiwir), son nouvel amour à la jeunesse stupéfiante, et Hanna (Marthe Keller), la fiancée perdue vingt ans auparavant.

Mis en images par Dindo et portés par trois actrices exceptionnelles de présence, les mots de Frisch acquièrent alors une dimension initiatique fascinante. S’ensuit un voyage autour du monde, de Manhattan à Paris en passant par Rome et la Grèce antique, au cours duquel la complicité des femmes de Faber ravive les propres émotions du spectateur, comme autant de tourments du destin, de la passion et du hasard.

HOMO FABER (DREI FRAUEN), Suisse, 2014, couleur, 1h29, programme n°194