Du 24 janvier au 20 février, Passion Cinéma présente treize longs-métrages inédits qui racontent la petite comme la grande Histoire, la ravivent ou font œuvre de mémoire. Ceci tout en accueillant les cinéastes Arnaud des Pallières, Pierre Monnard, Tamer Ruggli, Yona Rozenkier, Andreas Müller et Simon Guy Fässler, ainsi que les actrices Mélanie Thierry et Nadine Labaki!
Histoire(s) sans fin
En treize films, ce nouveau cycle traite de l’une des grandes raisons d’être du cinéma: témoigner encore et toujours de l’Histoire passée et présente. Le septième art entretient en effet des rapports plus que privilégiés avec celle-ci, et ce de façons diverses.
Une seconde chance
Dès ses débuts, le cinéma a en effet démontré toute son aptitude à la reconstitution historique, en lui ajoutant une précieuse dimension réflexive. Il y a là cette idée merveilleuse, de donner «une seconde chance à l’Histoire, celle de se rejouer à l’écran», comme l’a écrit l’essayiste Antoine Baecque, et d’échapper ainsi au constat de Shakespeare qui n’y voyait que «bruit et fureur». Une telle idée a nécessairement dû guider Jonathan Glazer («La Zone d’intérêt») et Arnaud des Pallières («Captives») dans leurs généreux desseins de cinéastes mémoriels.
Embaumer le réel
Par ailleurs, qu’il soit de fiction ou documentaire, le cinéma détient aussi le pouvoir «égyptien» (clin d’œil au film de Tamer Ruggli) d’embaumer le présent, d’en faire archive: gestes, attitudes, tics de langage, les films qui nous sont contemporains semblent déjà «arracher des fragments d’Histoire à la période dans laquelle ils se meuvent», pour citer derechef de Baecque, jusqu’à devenir après coup des marqueurs d’époque. Jusqu’au vertige, Todd Haynes duplique dans «May December» ce processus mystérieux, à travers son personnage d’actrice s’appropriant l’être et le paraître de l’anti-héroïne d’un fait-divers.
Vocation à risques
Enfin, le cinéma, comme avant lui la littérature, a aussi vocation, à risques, de s’offrir comme forme de l’Histoire, rêvant parfois d’élaborer son interprétation ultime, frisant dès lors la propagande, alors qu’il devrait s’en tenir à une ambiguïté salvatrice. Genre cinématographique très en vogue par les temps qui courent, le biopic est à la croisée de ces deux chemins… Quid de Bob Marley, figure révolutionnaire ayant joué pour un dictateur?