Heavenly Creatures

Venise 1994, Lion d’argent
de Peter Jackson
avec Kate Winslet, Melanie Lynskey, Sarah Peirse, etc.


Resté inédit en Suisse, «Heavenly Creatures» (1994) entretient un lien passionnant avec «The Lovely Bones», tant sur un plan formel que thématique. Après avoir tourné trois films résolument «gore» dont une mémorable parodie du Muppet Show, le futur réalisateur de la trilogie du «Seigneur des anneaux» rompt avec les éviscérations sanguinolentes pour s’adonner à un genre de fantastique autrement subtil. S’inspirant d’un fait divers sanglant qui avait défrayé la chronique dans la Nouvelle-Zélande des années cinquante et fascinait sa femme scénariste, Peter Jackson en a tiré ces «Créatures célestes» que ses admirateurs considèrent à juste titre comme son chef-d’œuvre… Adolescente introvertie et élève de troisième à l’école supérieure de filles de Christchurch, Pauline Parker (Melanie Lynskey) fait la connaissance de Juliet Hulme (Kate Winslet), une nouvelle élève venue d’Angleterre qui a son franc-parler. Même si elles sont issues de milieux très différents, les deux jeunes filles deviennent rapidement inséparables. Dans son journal, Pauline commence à relater les étapes de cette amitié intense qui va peu à peu les couper du monde extérieur et leur faire perdre tout contact avec la réalité. C’est ainsi qu’elles s’inventent un pays imaginaire peuplé de personnages fantasques, le Quatrième Monde, où s’étend le royaume légendaire de Borovnia… Témoignant d’une puissance visuelle à laquelle seul le grand écran peut rendre justice, Jackson suscite une étrange empathie pour ses deux héroïnes dont le crime marque la révolte contre un ordre qui leur refuse le droit d’aimer et de créer librement.
CRÉATURES CÉLESTES, Grande-Bretagne / Allemagne Nouvelle-Zélande, 1994, couleur, 1h39, programme n°160