Hannah Arendt

Tokyo 2012, en compétition |
de Margarethe von Trotta
avec Barbara Sukowa, Axel Milberg, Janet McTeer, Julia Jentsch, etc.

hannah-arendt_WEB
A plus de septante ans, la réalisatrice allemande Margarethe von Trotta réalise avec «Hannah Arendt» l’un de ses meilleurs films. Après «Rosa Luxemburg» (1985), la coréalisatrice de «L’Honneur perdu de Katharina Blum» (1975) s’attache à une autre grande figure féminine de l’histoire allemande récente, la philosophe juive Hannah Arendt. Née en 1906, élève (et amante) de Martin Heidegger, militante antinazie de la première heure, échappant de justesse à la déportation, cette femme remarquable qui se disait «professeur de théorie politique» a développé une pensée majeure, notamment sur les origines du totalitarisme, qui a fait l’objet de violentes polémiques… En avril 1961, Israël s’apprête à juger à Jérusalem Adolf Eichmann, grand exécuteur de la Solution finale. Arendt demande au très réputé «New Yorker» de pouvoir couvrir le procès. Elle écrit alors cinq articles pour le magazine américain, puis son fameux livre «Eichmann à Jérusalem» où elle présente sa notion très controversée de «banalité du mal», une notion qu’elle élabore à partir de sa perception du «bourreau» Eichmann, un fonctionnaire zélé et quelconque qui ne pense pas, sinon en termes d’efficacité… Grâce à l’actrice Barbara Sukowa, incroyable de présence dans le rôle de la philosophe, von Trotta a réussi à faire de ces joutes verbales un véritable enjeu de cinéma, traduisant l’emprise progressive du témoignage d’Eichmann sur Arendt qui, quelques mois durant, va vivre à travers ses mots, s’abstenant de juger, pour tenter de comprendre, désespérément!
Allemagne / Luxembourg / France, 2012, noir et blanc / couleur, 1h53, programme n°183